Honoré DAUMIER (1808 - 1879) Le Ratapoil, bronze à patine noire

Epreuve posthume en bronze à patine noire brillante d’après le modèle de 1851. Cire perdue de la Fonderie C. Valsuani numérotée 1/10. Cachet à l’arrière de la plinthe à droite. Provenance du fond d’atelier de la Fonderie C. Valsuani.

Le personnage de Ratapoil, créé par Daumier en 1850, représente la caricature d’un partisan de Louis-Napoléon Bonaparte, futur Napoléon III.

Daumier est un ardent républicain et a déjà payé de six mois de prison une précédente caricature du roi Louis-Philippe représenté en Gargantua en 1831.

Contre les bonapartistes, il publie dans le journal Charivari les aventures de ce ratapoil en le ridiculisant. Il s’agit ici pour l’artiste de mettre en garde les lecteurs contre la menace bonapartiste. Le nom de Ratapoil apparait pour la première fois dans le texte du Charivari le 12 aout 1850 (« proclamation du colonel Ratapoil ») et les jours suivants paraissent des articles de Clément Caraguel signés « Colonel Ratapoil ».

Le Ratapoil apparait pour la première fois dans une lithographie le 28 septembre 1850. S’en suivront une trentaine de lithographies jusqu’en décembre 1851.

Après la chute de l’Empire, Daumier reprendra sa figurine et son personnage, identifié à l’empereur déchu, et l’interprètera dans un style proche de ses dessins de Don Quichotte. L’une des planches de la Série Actualités montre un Ratapoil qui ressemble à Napoléon III par ses moustaches en pointe, vêtu de sa redingote noire et de son haut-de-forme cabossé, qui contribue à son image de déclassé.

La sculpture ici présente, quant à elle, est étonnamment moderne comparativement à la sculpture milieu du XIXème siècle, en particulier dans son traitement expressionniste.

Une version du Ratapoil en bronze est conservée au Musée d’Orsay à Paris (n° inv. RF 927).

Cette version possède l’inscription Daumier (S à l’angle à l’arrière droit), Siot-Decauville fondeur Paris n°4, au revers à gauche.

Elle est affectée au Musée d’Orsay depuis 1986. Avant cela elle avait été attribuée au Musée du Luxembourg de 1892 à 1927 puis au Musée du Louvre entre 1927 et 1986.

Depuis son affectation au Musée d’Orsay, elle fut prêtée pour diverses expositions à travers le monde.

Le plâtre original de ce bronze est dans une collection particulière à Milan et a été réalisé par Victor Geoffroy-Dechaume à partir d’une terre (détruite).

Des éditions en bronzes par les plus grands fondeurs ont été réalisées à la fin du XIXème et au XXème siècle. Celles-ci ont été fondues à l’initiative d’Armand Dayot à partir d’un second plâtre lui appartenant. Ce plâtre est dû au mouleur Pouzadoux et est aujourd’hui conservé à l’Albright Art Gallery de Buffalo.

Environ vingt exemplaires ont été réalisés par Siot-Decauville vers 1890, vingt autres vers 1925 par Rudier à partir du même plâtre mais qui à ce moment appartenait à Henri Bing et quinze exemplaires par Valsuani en 1959 (à partir du premier plâtre).

La fonderie Valsuani, créée à la fin du XIXème siècle par Marcello Valsuani et ses fils Claudio et Attilio, gagne sa réputation par la qualité de ses fontes à la cire perdue. Elle a notamment traduit en bronze le travail de Rodin, Matisse, Daumier, Degas ou en Pompon.