Jules Breton - Glaneuse courbée de dos

A propos de

Glaneuse courbée de dos peint par Jules Breton, Huile sur carton collée sur bois signée en bas à droite «Jules Breton». Cette huile est une étude pour les glaneuses qui fait partie des collections de la National Gallery of Ireland de DUBLIN.

au Cleveland Museum of Arts
au Musée des Beaux-Arts d’Arras et de Quimper 2002
à la National Gallery of Ireland à DUBLIN

L’étude « Glaneuse courbée de dos » de Jules Breton (Courrières 1827- Paris 1906) pour le tableau « Les glaneuses » de 1854 conservé dans les collections de la National Gallery of Ireland de Dublin, reprend un thème rural cher aux peintres naturalistes. L’œuvre incontestablement la plus célèbre est celle de « L’Angélus » de Jean-François Millet de 1858. Au XIXe siècle, les peintres réalistes bouleversent la hiérarchie des genres en peignant des paysages et des scènes de genre. Quelque peu différenciés du réalisme social, les artistes naturalistes, comme Jules Breton, choisissent de mettre en scène des paysans et des ouvriers au travail ; représentant ainsi la vie quotidienne et authentique d’une classe défavorisée. Les thèmes ruraux connaissent alors leur heure de gloire auprès du public.

L’étude « Glaneuse courbée de dos » représente un cadrage resserré sur un portrait en pied d’une paysanne au dos courbé et au visage rivé vers le sol. Le thème de la paysannerie, évoqué dans cette peinture, témoigne du gout du peintre pour le monde rural qu’il affectionne spécialement et qui lui rappelle son enfance à Courrières dans le Pas-de-Calais.

« Peintre paysan » comme il se qualifiait, il exécute plusieurs œuvres avec pour sujet des glaneuses, tel que “Rappel des Glaneuses”, un de ses tableaux des plus renommés exécuté en 1859. Dans l’étude « Glaneuse courbée de dos », le sujet baigne dans une atmosphère lumineuse sur un fond d’herbage verdâtre où un léger halo plus clair entoure le personnage. Les coloris de la composition se limitent aux couleurs complémentaires conférant une mosaïque de tonalités puissantes et très présentes : le bleu du tablier répond à l’orangé du fichu, le bleu des ombres répond à l’orangé de la jambe, le violet de la robe répond aux nuances jaunâtres du fond. Les touches de blanc émergeant du bonnet et du tablier viennent éclaircir la composition. Jules Breton a placé cette femme dans son tableau intitulé « Les glaneuses » au second plan dans le groupe de gauche. Toutefois, le traitement du travail préparatoire est plus abouti que dans l’œuvre final où les couleurs sont remplacées par des teintes réduites aux blancs et aux beiges. L’étude de Jules Breton se présente davantage comme un petit tableau. La signature de l’artiste en bas à droite atteste que cette peinture préparatoire est considérée au même titre qu’une œuvre d’art à part entière.

C’est à cette même période, dans les années 1850, qu’il renonce au thème de la misère laborieuse transposé dans ses œuvres de jeunesse au profit d'une vision idéalisée du monde rural. Cette conception se vérifie dans son étude « Glaneuse courbée de dos », où l’esthétique du motif prévaut sur l’idée de la dure réalité du travail dans les champs dans lesquels les femmes du prolétariat rural devaient glaner en fin de journée des épis laissés après la moisson. Cette nouvelle approche l’éloigne alors des scènes de genre de Millet. Gratifié de médailles d'honneurs, Jules Breton gagne les faveurs de la critique et des amateurs d’art. Sa manière de peindre très classique, loin des audaces de Courbet, lui confère la place de digne représentant de la peinture naturaliste du Second Empire et de la Troisième République. Les œuvres de Jules Breton représentant des glaneuses sont aujourd’hui très prisées par les institutions aussi bien en France qu’à l’étranger. C’est aux États-Unis qu’il semble le plus apprécié pour ses scènes moralisantes insérant une dimension humaine.