A propos de
« Jeune fille», huile sut toile de Romain Cazes, signée en bas à droite «R. Cazes» et datée 1839.
Alors que se développe la photographie de portraits, notamment grâce à l’invention du daguerréotype par le peintre et photographe Louis Daguerre en 1839, les commandes de portraits en peinture ne s’amenuisent pas. Faire peindre son portrait est avant tout un véritable signe de réussite sociale. De grands formats trônent alors fièrement dans les vestibules et les salons des belles demeures bourgeoises à la vue des visiteurs. C’est dans ce contexte que Romain Cazes (Saint-Béat, 1803 – Saint-Gaudens, 1881) évolue dans sa carrière artistique en tant que peintre d’histoire. Après une première formation dans l'atelier du peintre toulousain Joseph Roques, il devient en 1829 l’élève du néoclassique et orientaliste Jean-Auguste-Dominique Ingres. Il reçoit ensuite plusieurs commandes, notamment de décors religieux pour les églises du Sud-Ouest.
Le portrait en buste Jeune fille exécuté en 1839 par Romain Cazes est empreint d’une certaine dignité recherchée dans les portraits de cette période. La jeune fille, orientée de trois quarts, est placée au premier plan dans un paysage rural en relief sous un ciel bleu moutonneux. Le peintre figure la profondeur de l’espace par une perspective atmosphérique dans un dégradé chromatique de bruns, de verts et de bleus. Tout comme son professeur Ingres, Romain Cazes rejette le romantisme des scènes et adopte un décor classique. Le visage, à la ligne pure, à la beauté suggestive et très personnelle, est traité à la manière des portraits de son mentor Ingres. Très allongé, le visage est constitué de trois parties égales : le front, le nez et de la bouche au menton. Peint avec cette précision ingresque, il arbore une bouche pincée suggérant une attitude des plus sérieuses. La jeune fille est vêtue d’une robe claire et plissée à l’antique, resserrée à la taille par une large ceinture. La robe est surmontée d’un châle d’un noir profond à large encolure et bordé de dentelle, qui souligne la largeur de ses épaules. Elle porte une coiffure ornée de tresses à la mode. Le port des bijoux se résume en un simple collier coulissant. L'ensemble confère un aspect plutôt austère à la jeune fille, mais du goût de l’époque. La mode, qui n’est plus réservée seulement à la cour, devient une industrie qui intéresse aussi la bourgeoisie. Ce portrait, figurant une inconnue, constitue aujourd’hui un des témoignages essentiels pour appréhender les normes sociales à la croisée de la deuxième République et du Second Empire.
A la fin des années 1830, le travail de Romain Cazes prolifère et est marqué par plusieurs portraits féminins tels que Le printemps en 1837 ou Jeune femme de la Renaissance à la gerbe de fleurs en 1839, mais aussi par des portraits masculins comme portrait d’homme en 1836. Si la production de l’artiste académique est importante, la majeure partie de ses œuvres ne nous est pas parvenue. Toutefois, le musée Ingres à Montauban conserve quelques œuvres du peintre et plusieurs de ses fresques sont visibles dans des institutions religieuses et civiles du sud-ouest, comme à Bagnères-de-Luchon, Bordeaux ou encore Albi, et aussi à Paris.
Caractéristiques
- Année : 1839
- Origine : France
- Artiste : Romain Cazes
- Matière ou technique : Huile sur toile
- Dimensions : 60 x 74.5 cm (Largeur x Hauteur)