Pierre Carrier-Belleuse (1851-1932) La Frileuse, pastel sur toile de 1891

Pastel sur toile de Pierre Carrier-Belleuse signé en bas à gauche «P. Carrier-Belleuse» et daté de 1891.

D’inspiration impressionniste et post-impressionniste, Pierre Carrier-Belleuse (1851-1932/33) est un artiste à cheval sur deux siècles (XIXe et XXe), qui se fait connaître principalement dans le domaine de la peinture. Il répond d’ailleurs au titre de président de la Société Internationale de Peinture et de Sculpture à la fin du XIXe siècle (1895) et se fait mentor, parmi d’autres grands noms, du célèbre Auguste Rodin. Il est le fils du renommé sculpteur du XIXe siècle Albert-Ernest Carrier-Belleuse.

Il peint à l’huile ou aux pastels et, à l’image de Degas ou encore de Toulouse-Lautrec dont il s’inspire fortement, ses peintures représentent principalement des sujets ou des portraits, majoritairement féminins. On lui doit notamment un nombre important de représentations de ballerines, de nombreux portraits de danseuses d’Opéra, ainsi que des panoramas peignant respectivement Notre Dame de Lourdes, Jeanne D’Arc et le Panthéon de la guerre. Le peintre se démarque notamment par ses talents de coloriste qui lui valent les éloges de la critique, contemporaine et encore actuelle.

La Frileuse (1891) est une toile de Pierre Carrier-Belleuse peinte aux pastels et représentant une jeune fille assise, tenant de sa main droite une marguerite. Le sujet est légèrement incliné dans sa posture, elle est vêtue d’un voile foncé qui couvre ses cheveux mais laisse entrevoir, par la frange, une chevelure rousse bouclée. Les traits du visage sont doux et emplis de féminité, le regard ponctué par une couleur pastel verte révèle un éclat singulier en contraste avec la douceur de l’ensemble. Il s’agit d’une jeune fille, comme le montre l’aspect lisse et rond du visage. Elle porte un corset blanc révélant sensuellement sa poitrine, ainsi qu’une jupe rayée foncée. La marguerite tenue par la jeune fille est mise en exergue par des tons clairs qui contrastent avec l’obscurité de la jupe et rappellent le corset diaphane du modèle. La marguerite, en peinture, est la fleur qui représente à la fois l’innocence et l'amour encore jeune, timide. Ce double symbole, pouvant paraître dichotomique, peut s’interpréter comme l’incarnation de la double nature de la jeune fille elle-même. En effet, le sujet est voilé, ce qui peut symboliser l’innocence préservée, mais sa chevelure est rousse et bouclée, couleur emblématique de la fille de joie à l’image de Marie Madeleine, ce qui s’oppose à l’apparente pureté manifestée par les traits juvéniles, le voile et la couleur blanche. De plus,le corset qu’elle porte est blanc mais laisse entrevoir la forme de ses seins.