Henri de Toulouse-Lautrec (1864-1901)  - Mlle Polaire, lithographie, circa 1895
1 / 8
zoom_in

Henri de Toulouse-Lautrec (1864-1901) Mlle Polaire, lithographie, circa 1895

38 000,00 €

Contact Information

A propos de

Très rare lithographie en couleur sur papier d'Emilie Marie Bouchaud dit «Mlle Polaire» sur scène portant le timbre noir de l'artiste (Lugt 1338), le timbre sec de l'éditeur en bas à gauche : «Ed. Kleinmann, 8 rue de la Victoire, Paris» (Lugt 1573) et au dos, un numéro de tirage 25/34 ? Il s'agit d'une belle impression de cette rare épreuve, les couleurs particulièrement fraîches et non atténuées. A noter de légères rognures au niveau de la marge droite et haute : la planche initiale aux dimensions de 34,5 x 24,7 cm.

Au cours de la période 1893-1895, Édouard Kleinmann (1844-1927) était à la fois l'éditeur et le distributeur des estampes de Lautrec, aussi ajouta-t-il souvent son timbre sec aux épreuves qu'il vendait, parfois également un numéro correspondant au tirage. Ce cachet figure, par exemple, sur plusieurs lithographies de Toulouse-Lautrec conservées au Metropolitan Museum of Art, à New York (inv. 49.55.141, 142, 144, 146, 147, 151, 153 et 331) ; sur une lithographie en couleurs de Toulouse-Lautrec, Le Coiffeur - Programme du Théâtre libre, 1893 (vente 24 novembre 2004, Paris, Tajan, n° 426) et sur l'exemplaire de «Mlle Polaire» conservé au Rijksmuseum Amsterdam.

Cette lithographie parut dans le n° 16 du 23 février 1895 du journal hebdomadaire humoristique Le Rire en 4ème de couverture fut éditée en très peu d'exemplaires par Edouard Kleinmann. Le dessin préparatoire à cette lithographie se trouve dans les collections du musée Toulouse-Lautrec à Albi.

Mademoiselle Polaire était le nom de scène d'Emilie Marie Bouchaud (1874-1939), originaire d'Algérie. En 1890, elle arrive à Paris pour rejoindre son frère Edmond qui venait de commencer une carrière de «caf'-conc'» à L'Européen sous le nom de Dufleuve. C'est avec son aide qu'elle parvient à passer une audition et à y être engagée.

Dans ses mémoires, elle nous raconte l'origine de son nom de scène : «Je ne me piquais guère d'astronomie, mais le mystère de ces inondes lointains m'intéressait, depuis toujours, prodigieusement : «Voici l'étoile du berger, me disais-je... et l'étoile polaire... la grande et la petite Ourses...» Et pourquoi, pensais-je soudain, une artiste ne prendrait-elle pas un de ces noms ! Après tout, dans le coeur de toute débutante, sommeille une étoile, du moins en espérance... Pour les Ourses, mieux valait, bien sûr, ne pas y penser... Mais ne pourrait-on s'appeler Mlle Duberger... ou Mlle Polaire ?... Polaire ! Cela me parut brusquement sonner clair, et à retenir ; je ne m'arrêtai pas une seconde à l'idée qu'un tel pseudonyme pourrait, de la part d'une petite débutante, une enfant à peine, sembler quelque peu présomptueux.» (POLAIRE PAR ELLE MÊME, Paris, éditions Eugène Figuiére, 1933, P. 34)

Très rapidement, elle rencontre un grand succès et devient la coqueluche du monde artistique parisien, côtoyant la Belle Otero, Aristide Briant, Tristan Bernard, Lucien Guitry, Colette, Willy (Henry Gauthier-Villars)... .

La lithographie de Lautrec la représentant sur scène en 1895, bien éloignée des photographies de l'époque, nous montre en quelques traits subtils, toute l'énergie qu'elle déployait sur scène : «Pour moi, dès mon début, je fis tout de suite ces gestes exaspérés qui m'ont toujours été propres ; je ne cherchais pas le commentaire comique, et il ne m'est jamais venu à l'idée de joindre gravement les mains sur le coeur parce que j'évoquais l'amour, comme je l'ai vu faire tant de fois. Rejetant ma tête en arrière, je chantais en quelque sorte, avec mes cheveux battant au vent, avec mes narines frémissantes, avec mes poings crispés, et même avec mes doigts de pied, qui frétillaient dans mes chaussures de scène...» (POLAIRE PAR ELLE MÊME, P. 33)

Il faut dire qu'elle avait un physique superbe que Willy sût s'y bien interpréter : «Vivace, tout le corps menu trépide comme une voiturette sous pression. Ses bras fins nerveusement tendus, poings crispés, devant elle sa tête aux joliesses d'androgyne rejetée en arrière, elle cambre cette taille célèbre, capable d'enjalouser une abeille qui se corsèterait chez la faiseuse en renom. Les dents étincellent, et, de la bouche, plus voluptueuse que classique, un gazouillis de rire clairs s'envole. Alors, poignant contraste avec l'enfantillage de cette joie, voici que s'entrouve avec langueur des yeux de fellahine, diamants noirs allongés jusqu'aux tempes, et, sous la palpitation des cils d'Orient, rêve une indicible mélancolie.»

Henri de Toulouse-Lautrec (1864-1901)  - Mlle Polaire, lithographie, circa 1895
© 2021 - Luxvic

Caractéristiques

  • Année : 1895
  • Origine : France
  • Artiste : Henri de Toulouse-Lautrec
  • Dimensions : 24 x 33.5 cm (Largeur x Hauteur)

Muséographie

La bibliothèque de l'Institut National d'Histoire de l'Art à Paris (INHA) possède un exemplaire de cette lithographie provenant des collections de M. Jacques Doucet [Emilie Louzée, dite Polaire, en chanteuse].
Rijksmuseum Amsterdam, Portrait de l'actrice Polaire sur scène, Henri de Toulouse-Lautrec, 1895, inventaire : RP-P-1949-628
The Metropolitan Museum of Art, New York, Polaire 1895, inventaire : 62.650.234
Brooklyn Museum, New York, Polaire, from La Rire, inventaire : 1998.56.11

Vous aimerez aussi