Henri Hayden (1883-1970) La table triangulaire, huile sur toile circa 1959

Huile sur toile signée et datée en bas à droite «Hayden 59» et titrée au dos «La table triangulaire». Un certificat d'authenticité de M. Christophe Zagrodzki, expert agréé par le conseil des ventes, en date du 22 mars 2021, sera remis à l'acquéreur.

Né à Varsovie, Hayden quitte la Pologne en 1907 pour Paris. Pendant la Première Guerre mondiale, il s’installe dans un nouvel atelier du boulevard Raspail, non loin de Picasso, Severini et Metzinger. Malgré la guerre, Montparnasse bat son plein et Hayden se lie d’amitié avec Matisse, Max Jacob, Cocteau, Lipchitz et Gris. Ce dernier le recommande à Léonce Rosenberg, dont la galerie L’Effort Moderne est l’un des foyers de l’avant-garde.

La table triangulaire est un parfait exemple de la manière dont Hayden a su faire sienne la rigueur de la grammaire cubiste, sans renoncer à un raffinement qui constitue la noble et farouche originalité du peintre. Dans le genre cubiste par excellence de la nature morte, Hayden parvient à créer une nouvelle sensation d’espace par la superposition de lignes et de plans et la juxtaposition de couleurs chaudes et froides. Il conserve une note très personnelle, réussissant, avec une grande simplicité de moyens, la synthèse de ses expériences cubistes et de ses aspirations réelles.

Comme l’écrivait Raymond Cogniat dans Le Figaro (29 janvier 1960) : «Après avoir joué un rôle important dans le Cubisme, Hayden, pour s’échapper des formules, a poursuivi ses recherches dans un tout autre sens et, sans doute, a-t-il payé cette indépendance par l’indifférence de ceux qui l’avaient soutenu. Après un long combat, il retrouve, depuis quelques années, un nouvel accomplissement dans des paysages et natures mortes où les leçons du Cubisme sont complètement transposées et aboutissent à une synthèse très épurée des formes et des couleurs. Il est, comme quelques autres peintres, Villon notamment, l’exemple des facultés de fraîcheur et d’invention que donnent certains hommes au moment où l’on pourrait croire, au déclin de leurs moyens.»

Jean-Jacques Lerrant soulignait dans Le Progrès de Lyon (10 février 1960) que «Hayden, dans la sagesse de l’âge, regagne la saveur populaire, une sorte de tendresse poétique pour les objets de la nature morte […]. Tout semble nager alors dans une irréalité magique et cependant fort charnelle grâce à la couleur.»

En 1960, à l’occasion d’une exposition de ses œuvres, son ami Samuel Beckett écrivait que Hayden avait «su, toute sa vie et comme peu d’autres, résister aux deux grandes tentations, celle du réel et celle du mensonge». Et d’ajouter : «Tout y est reconnaissable, mais à s’y méconnaître. Étrange ordre des choses, fait d’ordre en mal de choses, de choses en mal d’ordre.»

Cette période, allant des années 1953 à 1970, est considérée comme l’épanouissement de l’œuvre artistique de Henri Hayden.