Emil Olsson (1890-1964) L’Archer de théâtre, pastel sur papier, circa 1923

Pastel sur papier, signé en bas à droite au crayon «Emil Olsson» et daté au dos «1923».

Emil Johan Olsson est un peintre suédois, membre du groupe moderniste Les Douze.

A Malmö, il étudie à l'école de peinture de Bruno Hoppe de 1907 à 1909. L'artiste Bruno Hoppe a dirigé pendant plusieurs années une école de peinture populaire à Malmö. En 1909-1912, Olsson étudie à l'Académie des Beaux Arts de Stockholm et en 1916-1917 à l'Académie royale danoise des Beaux Arts de Copenhague.

Son éducation artistique comprend également des voyages d'étude, et il se rend à Paris en 1914, où il étudie principalement l’œuvre de Paul Cézanne. De retour chez lui en mai de la même année, il peint avec une palette légère et fraîche. Mais à l'automne 1917, il s'intéresse de près à l'art de Vincent van Gogh et peint une huile, Automne, dans laquelle l'influence de van Gogh est perceptible dans la palette de couleurs. A Copenhague, il étudie les maîtres précoces Hans Memling et Lucas Cranach l'Ancien, et après la fin de la Première Guerre mondiale, il retourne à Paris, où il fréquente de 1920 à 1921 l’atelier d’André Lhote. En 1922, il se rend également en Italie et, en 1924, aux Pays-Bas et en Belgique.

Emil Olsson allait devenir l'un des artistes qui ont contribué à la percée de l'art moderniste en Suède. Après plusieurs séjours d'études à Paris, il est devenu, aux côtés de l'artiste Johan Johansson, revenu d'Allemagne, et de l'artiste Svante Bergh, qui avait étudié à la fois en Allemagne et en France, l'un des principaux représentants du modernisme dans la peinture suédoise. Un groupe d'artistes modernes, tous originaires de Suède, se réunit à Paris en 1921 et forme le groupe des Douze. Le groupe a exposé ensemble pendant dix ans, de ses débuts au musée de Malmö en 1924 jusqu'à sa dissolution en 1934. Parmi les autres membres figuraient Svante Bergh, Tora Vega Holmström, Emil Johansson-Thor, Anders Jönsson, Nils Möllerberg et Jules Schyl.

Cette œuvre s’insère dans le courant de l’art moderne suédois du début du XXe siècle. La composition par la lumière pure est empreinte de l’inspiration postimpressionniste et la stylisation gracieuse suggère les prémices du cubisme. Emil Olsson intègre ainsi les influences de Cézanne, Van Gogh, Gauguin et André Lhote.

Au premier plan, l’archer de théâtre est représenté sous les traits d’un jeune homme négroïde en pagne et avec un couvre-chef à plume. Ce choix peut être en lien avec l’attraction pour le primitivisme, caractéristique de Gauguin. L’homme est en position de tir, l’arc dans la main gauche, le bras droit en arrière vient de lâcher la corde. Le regard est en direction de la flèche. Le haut du visage demeure dans l’ombre, seuls les sourcils indiquent l’emplacement des yeux. Le modelé repose sur la perception de la couleur et non sur le travail classique sur les ombres.

La gradation tonale suggère la profondeur sans toutefois sacrifier l’éclat de la couleur, préoccupation chère à Cézanne. La pose des couleurs par petits traits confère des reflets vibrants et éclatants. L’emploi de tons vifs et purs évoque Van Gogh et produit une impression forte. Deux palettes se répondent : les tons ocre complètent les verts et bleus. Les rehauts de jaunes illuminent et lient les deux tonalités.

Comme chez Cézanne, le traitement de la lumière est remarquable. Les nuances de jaune vif, construisent la composition du tableau. La lumière suit un arc de cercle inverse à celui de l’arme : partant des feuilles du palmier, elle passe par la plume de la coiffe et se termine sur un muret, donnant l’illusion d’émaner de l’archer.

La scène dégage une atmosphère de simplicité et d’harmonie naturelle.