Gustave Courbet (1819-1877) Le Puits-Noir, huile sur toile, circa 1855/1865

«Le Puits-Noir», huile sur sa toile d'origine signée en bas à gauche «G. Courbet». Cette œuvre a été reconnue par l'Institut Gustave Courbet et figurera dans le futur catalogue raisonné de Gustave Courbet en tant qu'œuvre de Gustave Courbet. Un certificat de l'Institut Gustave Courbet, daté du 13 novembre 2022, sera remis à l'acquéreur.

Le tableau Le Puits-Noir, de 1855-1865, a été exécuté à une période où les œuvres de Gustave Courbet (Ornans 1819 - La-Tour-de-Peilz en Suisse 1877) rencontrent un vif succès entre les années 1856 et 1870. Malgré les scandales provoqués par certaines de ses toiles, il expose régulièrement au Salon et réunit autour de lui un cercle d’amateurs et de défenseurs qui assurent sa reconnaissance. Ce succès est renforcé par l’achat de l’Etat du Ruisseau couvert de 1865 par le comte de Nieuwerkerke, surintendant des Beaux-arts au service de Napoléon III et conservé aujourd’hui au musée d’Orsay.

Le tableau Le Puits-Noir fait partie d’une série de plus de quinze représentations du lieu, dont l’attrait du peintre pour ce site remonte à l’année 1855. Le motif récurant, alliant pierre, eau, végétaux, représente la vallée de la loue, un site proche d’Ornans, la ville natale de Courbet, située dans le département du Doubs. Ces œuvres sont pour la plupart conservées dans les institutions muséales telles que le musée d’Orsay, la National Gallery of art de Washington, le Kunsthistorisches museum de Vienne, le musée Fabre de Montpellier, le musée d'art de Baltimore, l’Art Institute of Chicago, le Rijksmuseum, le musée des beaux-arts de Besançon.

Le Puits-Noir témoigne de l’observation attentive du peintre qu’il porte sur la nature et de son désir à convoquer les différents éléments naturels pour en rendre une communion harmonieuse. De précieux secrets de cette nature brute aux particularités géologiques lui sont fournis par le géologue jurassien Jules Marcou, qu’il rencontre dans les années 1850/1860. Le ruisseau et les berges de la Brême, au milieu d’une luxuriante végétation et surplombé d’imposantes falaises, occupent l’essentiel de la composition, laissant peu de place à la voute céleste. A l’inverse du vocabulaire des mouvements artistiques de l’époque, les couleurs sombres, et non la lumière, dominent le centre du tableau, et semblent happer le regard. Toutefois, si la palette du peintre est réduite à des nuances de verts, de gris et de bleus, elle s’éclaircit à cette époque. Courbet exploite cette nouvelle composition à partir du début des années 1850. Il s'affranchit ainsi de ses maîtres (Charles-Antoine Flajoulot, Charles de Steuben, Nicolas-Auguste Hesse ou Antoine-Jean Gros) et également des peintres de l'École de Barbizon dont il est proche, en abandonnant les principes illusionnistes, pour représenter une perception intime de la réalité du site. Révolutionnant les conventions plastiques de la peinture de paysage, et s'opposant aux codes de l'académisme, il donne naissance au courant réaliste dont il devient le chef de file.

En renouvelant le genre du paysage, le modernisme de Gustave Courbet ouvre la voie aux impressionnistes. Il crée notamment la notion de séries en peignant Le Puits-Noir dans la vallée de la Loue sous différents angles et à divers moments de la journée. Son travail va influencer une nouvelle génération d’artistes comme le peintre Edouard Manet qu’il côtoie à Montmartre ou encore Paul Cézanne.