Fernand Léger (1881-1955) Nadia et son chat, encre sur papier, 1950

Encre sur papier, monogrammée en bas à droite «F.L.» et portant au dos le numéro d’inventaire «D. 608/1», intitulée «Nadia et son chat», circa 1950. Un avis d’inclusion de cette œuvre, référencée FL-2025-10-000599 par le Comité Léger en date du 15 octobre 2025, sera remis à l’acquéreur. Cette encre sera intégrée au catalogue raisonné en préparation.

Dans le Paris des avant-gardes, Fernand Léger trouve en Nadia non seulement un modèle, mais une interlocutrice privilégiée, un miroir sensible de son propre cheminement artistique. Leur relation, faite de complicité intellectuelle, de dialogue esthétique et d’un attachement profond, nourrit l’œuvre du peintre dans les années d’après-guerre. À cette période, Léger réintroduit la figure dans sa pratique, non comme une rupture, mais comme la continuité logique de ses recherches abstraites. La présence de Nadia accompagne cette transition où la rigueur de la construction s’ouvre à une forme nouvelle d’humanité, attentive aux gestes du quotidien, aux objets simples, aux visages proches.

Nadia et son chat, ou Portrait de Nadia au chat, naît dans ce climat d’équilibre retrouvé entre émotion et structure. Cette encre sur papier, d’une précision dépouillée, saisit un instant de calme et de proximité. Le sujet intime ne sert pas un récit, mais devient le point d’ancrage d’une orchestration plastique où les relations entre lignes, volumes et rythmes demeurent essentielles. Pour Léger, la figuration ne contredit jamais les impératifs de la peinture pure : elle les enrichit, à condition que la présence du réel se soumette à la logique formelle qui gouverne l’œuvre. Le visage, le chat, les contours du corps deviennent ainsi les vecteurs d’une harmonie visuelle où chaque élément trouve sa place.

Le dessin ici témoigne de cette conception. Le trait, ferme et modulé, organise l’espace avec une économie volontaire. Les courbes du chat répondent aux lignes du visage ; les axes verticaux et diagonaux structurent la composition sans jamais l’alourdir. Léger parvient à dégager, à travers une grande simplicité graphique, une densité de présence et une douceur silencieuse. Ce rapport franc et chaleureux au réel fut souligné par Jean Cassou, qui admirait chez l’artiste cette manière égale d’aborder un visage, une main ou un ensemble mécanique. Maurice Jardot ajoutait que le dessin, chez Léger, n’était jamais un domaine séparé : il constituait un moment organique de son activité de peintre.

Dans cette encre, cette organicité se manifeste pleinement. Il ne s’agit pas d’une étude préparatoire, mais d’une œuvre achevée, concentrée, capable d’exister avec une force autonome. Le modèle, loin d’être idéalisé, est traité avec une attention bienveillante ; la présence du chat introduit un contrepoint souple qui adoucit la construction générale. On y perçoit à la fois l’affection personnelle de l’artiste et la rigueur de sa pensée plastique.

Nadia et son chat apparaît ainsi comme un témoignage intime de la relation entre l’artiste et celle qui fut sa complice créative, mais aussi comme une pièce significative du retour à la figure chez Léger au sortir de l’abstraction. L’œuvre allie sensibilité et structure, vie quotidienne et organisation formelle, dans un équilibre caractéristique de la maturité du peintre.