Jean Arp (1886-1966) Blason poupée n°4, collage sur papier, 1963

Collage sur papier posé sur carton intitulé «Blason poupée n°4» de 1963. Un certificat d'authenticité de la Fondation Arp de Clamart en date du 19 janvier 2021 sera remis à l'acquéreur.

Les années 1960, fourmillent de recherches artistiques étonnantes. Une évolution des mentalités culturelles et artistiques s’esquisse avec le Nouveau Réalisme fondé par Yves Klein. Puis des mouvements comme le Pop art, le Fluxus, l’Op art et le Cinétisme, le Minimalisme, l’Arte Povera italien, l’Art conceptuel, l’Hyperréalisme, le Land art, l’Art corporel et l’irruption de l’Art brut en 1967, jusqu’à Support/Surface avec une première exposition en 1969, remettent en question la signification d’une œuvre d’art. Les artistes de l’avant-garde admettent que l’interprétation n’est pas nécessairement intrinsèque à l’œuvre mais elle est le plus souvent le produit du contexte dans lequel elle existe. Tous ces mouvements, souvent en concurrence, assurent toutefois le passage d’un art moderne, qui propose des innovations stylistiques, tout en conservant des supports classiques. C’est dans cette mouvance que Jean Hans Peter Wilhem Arp, dit Jean Arp (Strasbourg 1886 – Bâle 1966), évolue et développe son art selon le thème du hasard et créé dès 1916 une série de collages sans titres que l'on nommera plus tard « selon les lois du hasard ». Son travail restera toujours axé sur le hasard et la spontanéité de la main, que ce soit en art graphique ou en sculpture jusqu’à son décès en 1966.

Blason poupée n°4, de 1963, réalisé par Jean Arp dans les dernières années de sa vie, fait partie d’une série de collages sur la thématique des poupées commencée dans les années 1950. Le thème des poupées Kastina fascinèrent les surréalistes comme André Breton, Paul Eluard ou Max Ernst, et c’est tout naturellement que Jean Arp reprend ce thème dans ces œuvres, ayant flirté avec ce groupe jusque dans les années 1930. Toutefois, il les réalise dans une manière formelle et esthétique renouvelée. Poupée Blason n°4 est ainsi inspirée de ses dernières explorations artistiques. A l'opposé des tendances purement intellectuelles du Cubisme et de l'Expressionnisme, il privilégie l’art par les sens, tout comme les dadaïstes le concevaient et dont il a été le cofondateur du mouvement. C’est ainsi qu’il s’oriente vers une recherche de la plus grande pureté formelle perçue dans l’œuvre Blason poupée n°4. Dans ce tableau à la chromatique réduite au jaune dominant, il nie la perspective traditionnelle, qui fait place à une planéité dans la composition. A l’intérieur des formes courbes, pouvant être apparentées à une « poupée gigogne », les figures géométriques se déclinent en négatifs, composant ainsi les motifs d’un vêtement. Jean Arp y insère le vocabulaire de la figure humaine, source d’inspiration également explorée dans les œuvres de Joan Miró. L’évocation de la figure humaine s’avèrera extrêmement influente pour les artistes abstraits de la fin du XXe siècle. Aujourd’hui encore, des artistes tel que le sculpteur et peintre Axel Cassel (1955 – 2015) poursuivent dans cette voie avec le besoin d’une représentation figurative.

Si l’œuvre du surréaliste Jean Arp est bien connu, notamment grâce au musée d'art moderne et contemporain de Strasbourg qui a consacré à l’artiste ses cimaises d’un espace central, ou la fondation Arp à Clamart, ses productions tardives comme Blason poupée n°4 sont bien moins diffusées et par conséquent peu étudiées dans les bibliographies.