Edouard Goerg (1893-1969)  - Les innocentes, huile sur toile 1928
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Edouard Goerg (1893-1969) Les innocentes, huile sur toile 1928

35 000,00 €

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A propos de

Cette huile sur toile d'Edouard Goerg, intitulée «Les Innocentes» et peinte en 1928 sera incluse dans le catalogue raisonné de l’œuvre peint d’Edouard Goerg en préparation par Madame Francine Germak et Madame Philippine Maréchaux.

À partir de 1920, Édouard Goerg (Syndney en Australie, 1893 - Callian en France, 1969) devient l'une des figures majeures du mouvement expressionniste français. Dans cette période d’entre-deux-guerres, il participe aux Ateliers d’art sacré avec son ancien maître Maurice Denis. Le conflit qui l'oppose à son père, Gustave Goerg, directeur des comptoirs familiaux du champagne Irroy en Australie puis en Grande-Bretagne et en France, oriente sa peinture vers une critique de la société bourgeoise et de ses mœurs hypocrites. Jusqu’au début des années 1930, son œuvre dénonce ainsi les travers de cette société dont il est issu. C’est à cette époque qu’il exécute son tableau Les innocentes en 1928.

Le tableau intitulé Les innocentes présente un sujet caustique, une caricature sociétale. Il s’agit du reflet angoissant et stylisant d’une maison de prostituées où l’artiste veut atteindre la plus grande intensité expressive. Pour les expressionnistes, le contenu de l’œuvre reste plus important que la forme. Édouard Goerg y stigmatise les travers et les vices de l’élite sous la IIIe République qui profite de l’âge d’or des maisons closes, et qui enrichit l’État notamment en prélevant 50 à 60 pour cent sur les bénéfices de ce commerce florissant.

La composition de l’œuvre est traitée en deux dimensions et sans perspective. Elle dévoile deux femmes nues situées en premier plan, et une troisième dans des coloris très sombres occupe l’arrière-plan. La chromatique est réduite à des couleurs nacrées, rehaussées par le rouge profond du fauteuil. Ce dernier, aux formes distendues, est un des éléments essentiels pour situer la scène d’intérieur. Les sujets, aux lignes acérées, sont cernés de noirs à la manière des œuvres des artistes fauves. La palette sombre d’Édouard Goerg s’éclaircira ensuite progressivement dans ses prochaines œuvres. La femme rousse de droite arbore un ras-de-cou porté très haut, comme pour figurer l’étranglement de sa condition. Prévenante, elle regarde et enlace sa collègue de gauche qui fait face aux regardeurs. Les femmes portent des bas, un produit coûteux à cette époque, mais qui leur confèrent une allure des plus sexy.

Engagé, le peintre Édouard Goerg lutte d’abord contre l’élite bourgeoise pour ensuite revêtir une dimension plus politique. Il a cette capacité de transporter le spectateur vers des émotions fortes en utilisant le drame ou la violence des scènes représentées, tel que dans le tableau Les innocentes. Réputé à son époque, il est apprécié aujourd’hui par les amateurs d’art, comme l’atteste l’acquisition de la toile Les innocentes par Nelly Kaplan (1931-2020) et Claude Makovski (1936-2020), couple iconique du cinéma français des années 1960. Ces derniers ont créé ensemble la célèbre société Cythère Fims, où ils produisirent une dizaine de courts-métrages dont Le Regard Picasso qui obtient le prix du Lion d’or au Festival de Venise en 1967. La belle collection d’œuvres graphiques, qu’a laissé le couple, témoigne de leur goût pour l’onirisme et l’érotisme, et de leur esprit véritablement libertaire. Parmi les chef-d'œuvres issus de la collection, de grands noms s’invitent tels que Pascin, Gustave Moreau, Robert Delaunay, Francis Picabia… et également Édouard Goerg avec Les Innocentes.

Edouard Goerg (1893-1969)  - Les innocentes, huile sur toile 1928
© 2022 - Luxvic

Caractéristiques

  • Année : 1928
  • Origine : France
  • Artiste : Edouard Goerg
  • Matière ou technique : Huile sur toile
  • Dimensions : 73 x 91.5 cm (Largeur x Hauteur)

Provenance

Collection de Nelly Kaplan et Claude Makovski, couple iconique du cinéma français des années 1960.

Bibliographie

«Edouard Goerg» par George Waldemar, publié par Pierre Cailler, Genève (Suisse), 1965, décrit page 83, n° 12.

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