Jean Puy (1876-1960) Femme rousse assise, huile sur toile, circa 1903

Femme rousse assise, huile sur toile de 1903, signée deux fois en bas à gauche «J Puy» et portant le cachet de la succession Ambroise Vollard au dos.

C’est dans sa période fauve que Jean Puy (Roanne 1876 – 1960) exécute Femme Rousse assise vers 1903, deux fois signée en bas à gauche « J Puy ». Impressionniste et néo-impressionniste à ses débuts, il évolue quelque temps vers le fauvisme, entre 1902 et 1907. Il se joint alors au groupe qui réunit Matisse, Derain, Marquet, Manguin Camoin... Néanmoins, comme le témoigne la peinture Femme rousse assise, son style exprime un fauvisme raisonné, sans accéder à la déformation qu’il considère comme un excès chez ses amis. En revanche, reprenant le vocabulaire des fauves, l’artiste baigne sa toile de couleurs intenses et saturées.

Portrait sans concession, le peintre a su capter l'émotion de son sujet. Les yeux à demi fermés, la femme regarde les spectateurs d’un air abattu. Elle pose dans une chemise de nuit mal ajustée et les pieds nus, comme si elle venait de se lever du lit. La tenue portée négligemment est modelée dans des camaïeux de blancs et traités, au moyen des plis, par un beau jeu d’ombre et de lumière. Cette femme, au corps blanc dialoguant avec la chevelure de feu, canon de l’époque, fait penser au modèle Mimi la Rousse du peintre Charles Camoin (1979 – 1965) que l’on retrouve dans plusieurs de ses toiles. Jean Puy fait la connaissance de Camoin lors des expositions au Salon des indépendants et au Salon d’Automne. Au cours de ses premières années parisiennes, Jean Puy et son groupe d’amis se réunissent fréquemment pour expérimenter et échanger sur leurs recherches picturales et se partagent vraisemblablement leur modèle. Toutefois, si l’artiste représente dans ce tableau une jeune femme rousse, la plupart de ses portraits arborent une crinière brune. La femme en position assise est une constance dans les œuvres du peintre, qui installe ses modèles, en général sur des chaises ou parfois directement au sol. L’espace s’articule autour des lignes verticales de la fenêtre, du rideau et de la chaise et des lignes horizontales de la fenêtre et de la cheminée. La composition instille du mouvement dans le traitement de la couleur enrichie d’une large palette et offre une remarquable énergie dans le travail du pinceau. Le geste est rapide et l’emploi des couleurs privilégie les teintes vives et franches.

Ce tableau charme par son réalisme méditatif et entraine les spectateurs dans la vie quotidienne du début du XXe siècle. L’œuvre respire l’amour pour les femmes de l’artiste.

La peinture porte le cachet de la succession Ambroise Vollard au dos. C’est en en effet, dès 1905, que Jean Puy fait son entrée chez Ambroise Vollard, l’un des plus grands marchands de tableaux parisiens, qui lui accorde son soutien. Par l’intermédiaire de Vollard, chargé par les grands collectionneurs de choisir des œuvres représentatives des artistes contemporains français, des tableaux de Jean Puy rejoignent le palais moscovite de Chtchoukine en Russie et la collection des Hahnloser en Suisse. Par ailleurs, c'est à la demande de ce marchand d’art que Jean Puy rejoint le groupe dit de l'École d'Asnières.