Jean-Michel Folon (1934-2005) Personnage, découpage avec couleurs et corde monté sur boîte en bois

Cette œuvre unique de Jean-Michel Folon fait partie de la série les « personnages-sacs », des collages colorés réalisés à partir de sacs récupérés lors de ses nombreux déplacements et expositions internationales. Concernant notre œuvre, signée deux fois et datée 2001, Jean-Michel Folon, au dos du découpage en a écrit son origine : « FOLON / Personnage (Hommage à Gaudi) 2001 C12 - Découpage, sac de la Pedrera Barcelone (dernière construction de Gaudi), sac trouvé pendant mon exposition à la Pedrera et découpé des années plus tard ». C'est en effet à la Pedrera à Barecelone qu'en 1993 a eu lieu la première exposition de ses sculptures.

Elle provient de la collection du Docteur Paul Charbit qui créa en 1991 le Colloque de Mouans-Sartoux qui réunit pendant quelques jours des personnalités du monde de la science, de la pensée et des arts : « Chaque année, en septembre, au Colloque de Mouans-Sartoux, pendant quelques jours les bruits du monde s'estompent et l'on vit dans un autre monde, celui du savoir… des philosophes, des scientifiques, des poètes, des écrivains, des cinéastes, des peintres, viennent de partout pour une réunion de famille d'esprits et pour partager leurs connaissances… et pendant ces quelques jours, Paul Charbit, à qui nous devons ces rencontres, invente le même miracle : il abolit le temps». (Jean-Michel Folon - 2000)

Il disait de lui : « Au fond, je ne suis ni peintre, ni dessinateur, ni affichiste, ni écrivain, ni graveur. Je ne suis ni abstrait, ni figuratif. Je n'appartiens à aucune école. Mon but n'est pas de figurer dans une histoire de l'art. Je n'ai rien inventé, puisque je dois tout à tout le monde. Je ne comprends pas mes images, et chacun est libre de les comprendre comme il veut. J'ai seulement essayé de fixer mes propres rêves, avec l'espoir que les autres y accrochent les leurs. »

De fait, sa création est sans borne : depuis l'illustration jusqu'aux génériques pour la télévision, en passant par les décors de théâtre, la tapisserie, les vitraux ou encore la sculpture, son talent s'est exprimé sous de multiples facettes.

Il apparaît comme un « artiste d'un genre nouveau, inidentifiable selon les arcanes de la critique d'art, se moquant des catégories esthétiques... il poursuit son chemin singulier.» (François Mathey - Exposition Folon au Musée des Arts Décoratifs en 1971).

Sur un support encore différent, ce « personnage-sac », (hommage à Gaudi) est une nouvelle variation de la poésie de Folon, pleine d'humilité, de tendresse, sinon d'humour. Avec ce sac détourné de son utilité, déchiré pour former cette silhouette étirée vers le ciel, l'artiste a construit un assemblage panaché de couleurs. Comme un pantin au regard fuyant, ce « personnage-sac » est enfermé dans une boîte. Il ne lui reste plus que son imaginaire pour s'en extraire. A l'instar de Prévert, Vian ou Gary, dont il a illustré les livres, Folon aimait jouer de la fragilité de l'humain entre le sérieux et le merveilleux. L'homme était au cœur de ses préoccupations. François Mathey évoquait ainsi son travail :« Folon est un prophète à sa manière puisqu'il rappelle à l'homme sa vocation de spiritualiser le monde ».

« Peu de gens se souviennent qu'il fut l'un des premiers à exprimer dans ses oeuvres la grande solitude de l'homme dans la ville. Des hommes seuls, souvent petits mais incroyablement présents, acteurs et spectateurs en même temps, qui ne semblent jamais prisonniers des murs des villes, palissades géantes qu'ils ont eux-mêmes dressées. Car il y a toujours chez Folon une aspiration à la liberté et des raisons d'espérer. », écrit Guillaume Sébastien.