Jean-Baptiste Claude Sené (1748-1803) Trois chaises Louis XVI à dossier lyre

Ces trois chaises d'époque Louis XVI, en hêtre naturel, par leur originale et classique élégance, l'équilibre de leurs proportions, leur riche sculpture, témoignent du savoir faire de Jean-Baptiste Sené et augurent de l'apparat du salon dans lequel elles se trouvaient. Toutes portent l'estampille «J.B. SENE» sous la ceinture avant.

Le haut du dossier droit, légérement incliné, est supporté par des montants de section carré. La lyre est ornée de feuilles d'acanthes et de rosaces. La ceinture droite est reliée au pieds par des dés de raccordement pourvus de rosaces, les quatre pieds sont tournés et cannelés. En excellent état, elles sont garnies d'une tapisserie aux petits points.

Leur provenance est des plus remarquables. Elles ont appartenu au mobilier du comte et de la comtesse François de Salverte au château de Ray-sur-Saône. Il est bon de rappeler que François de Salverte fut l'un des premiers à mettre en évidence le talent incomparable des ébénistes du XVIIIe siècle. Diplomate de carrière, il s'était plus, au cours de ses nombreux voyages, à relever des estampilles sur un grand nombre de beaux meubles. Par la suite, il pensa qu'un ouvrage sur les artisans de meuble, ouvriers d'art souvent ignorés, serait un juste hommage à ces artistes et apporterait aux collectionneurs un élément de plus pour en apprécier les oeuvres. Il consacra à ce travail seize ans de sa vie. Nous lui devons le premier répertoire des ébénistes du XVIIIe siècle, aujourd'hui communément nommé «Le Salverte».

Le XVIIIe siècle fut pour les ébénistes un temps béni. La prospérité de leur artisanat correspondait à l'accroissement du luxe en France depuis le règne de Louis XIV. Jean-Baptiste Sené gagna la maîtrise très jeune, à l'âge de vingt et un ans en 1769. A partir de 1785 il devint fournisseur de la Couronne. Avec le concours des sculpteurs Guérin, Alexandre et Vallois, il produisit de magnifiques meubles pour le palais de Saint-Cloud. Une des oeuvres capitales de notre artisan fut le fameux lit de la reine Marie-Antoinette que l'on peut admirer au château de Fontainebleau.

Sa marque se rencontre fréquemment sur des ouvrages de la plus belle qualité, qui ne le cèdent guère à ceux de Georges Jacob pour l'élégance des modèles et la finesse de la facture. Beaucoup de pièces fournies par cet artiste à la cour sont maintenant dispersés dans les collections particulières ; néanmoins l'Etat français en possède un bon nombre, dont on peut voir des exemples au palis de Compiègne, de Fontainebleau, de Trianon et dans les appartements de la reine Marie-Antoinette à Versailles.