Robert Lefèvre (1755-1830) Portrait en pied de Joséphine de Beauharnais, circa 1799

Portrait de Joséphine de Beauharnais peint par Robert Lefèvre, huile sur sa toile d'origine signée et datée en bas à droite sur le rocher «R. Lefèvre Fecit An 7» dans son cadre à double gorge en bois doré à décor de palmettes, perles et rais de coeur d'époque Consulat/Empire. L'an VII du calendrien républicain commença le 22 septembre 1798 pour se terminer le 22 septembre 1799. Le 9 mars 1796, Joséphine et Napoléon se marient civilement à l'hôtel de Mondragon. Elle fit l'acquisition du château de Malmaison le 21 avril 1799. En comparant ce tableau avec le portrait de l'impératrice Joséphine peint en 1805 par Pierre-Paul Prud'hon conservé dans les collections du Louvre, et qui reprend en partie la composition de Robert Lefèvre, il est raisonnable de penser que le décor de ce dernier se situe dans les jardins de la Malmaison durant l'été 1799.

Grand portraitiste durant le Consulat, l’Empire et la Restauration, Robert Lefèvre (Bayeux 1755 – Paris 1830) a exécuté un grand nombre de portraits royaux et impériaux, ainsi que de hauts dignitaires. Il a notamment peint à plusieurs reprises Joséphine de Beauharnais avec une exceptionnelle fidélité. A l’été 1799, il réalise son portrait en pied dans les jardins du château de la Malmaison. Passionnée de botanique, Joséphine aimait particulièrement musarder dans les allées du superbe jardin à l’anglaise.

Dans le tableau de Robert Lefèvre, Joséphine de Beauharnais pose assise avec beaucoup de naturel sur un rocher à l’ombre des arbres. Sa silhouette mise en lumière par des tons lumineux se détache sur une nature aux tonalités de bruns et de verts. A l’arrière-plan, un pan de ciel moutonneux se dégage au-dessus d’une colline en perspective. Joséphine porte une robe blanche à col de dentelle, serrée sur une taille haute à la mode de l’Empire et est chaussée de pantoufles de soie qu’elle laisse à peine entrevoir. Son long châle orné de liserais dorés rappelle les prémices de sa passion pour ce vêtement qu’elle collectionnera après l’expédition d’Égypte. Le peintre joue avec la transparence du châle et la fluidité des étoffes. Chacun des plis de l’étole et de la robe est traité avec beaucoup de minutie et de dextérité. Cette luxueuse tenue rappelle le rang social élevé de Joséphine ; alors épouse du général Napoléon Bonaparte. Le visage, de trois-quarts, incliné vers la gauche, lui confère un air rêveur, méditatif, voire mélancolique. Héritier du néo-classicisme, le peintre reprend le grand thème de la mélancolie, où le sujet est fréquemment isolé dans un paysage. Le regard de Joséphine est indifférent aux spectateurs, elle semble perdue dans ses pensées.

Cette œuvre a été la source d’inspiration du grand portraitiste Pierre-Paul Prud'hon dans son tableau intitulé « Impératrice Joséphine » de 1805 - 1808 et conservé dans les collections du Musée du Louvre. L’artiste favori de l’empereur et professeur de dessin de l’impératrice reprend en grande partie les éléments de la composition de Robert Lefèvre : le sujet est assis sur des rochers, dans le même décor et dans le même cadrage choisi par Lefèvre, dans les jardins de Malmaison. Toutefois, Joséphine traitée de manière plus alanguie dans l’œuvre de Prud’hon occupe davantage le premier plan. Lorsque Prud’hon exécute sa peinture, elle est devenue impératrice et elle porte les symboles de l’empire comme le rouge représenté dans son châle de cachemire. Dans son étude préalable, il avait dessiné une harpe, témoin du goût du retour à l’antiquité à cette époque, qu’il abandonne finalement dans son œuvre définitive. A la même date, Robert Lefèvre exécute un autre portrait de l’impératrice Joséphine en robe de cour à chérusques (1805), acheté par l’État en 1997.

Robert Lefèvre est reconnu comme l’un des plus grands artistes néo-classiques, attaché aux portraits impériaux. Il a concurrencé de grands maîtres de la peinture tels que Prud’hon, Gros, ou encore Gérard.